Littérature
Publications
Julie Henoch / Vincent Hänni – Dialogues avec les physiciens – Diego Blas & Robert Kieffer (2022)
publié chez Georg Editeur
Comment les chercheurs parviennent-ils à dialoguer ? Quels sont les grands enjeux d’une rencontre entre art et science ?
Voici l’histoire d’Horizons Irrésolus, une installation sonore monumentale, fruit de la résidence artistique au CERN du musicien Vincent Hänni et de l’artiste sonore Rudy Decelière. Une aventure humaine, artistique et scientifique relatée par sa co-productrice Julie Henoch, et révélée par deux entretiens où Vincent Hänni interroge ses collaborateurs scientifiques : le cosmologiste Diego Blas et le physicien instrumentaliste Robert Kieffer.
« Tu as une équation préférée ?
– L’équation de l’amour.
Il faut la trouver celle-là, c’est compliqué !
– C’est compliqué. C’est facile de la voir, mais impossible de la résoudre ! »
« Il faut aller jusqu’au bout. La science, c’est la chose la plus humaine que tu peux faire. La recherche de manière générale en fait, parce que tu peux aussi rechercher en toi ou en musique… Quand on essaie de défendre la science, quand quelqu’un nous demande à quoi ça sert, moi je dis “en tant qu’êtres humains, qu’est-ce qu’on peut faire ?” N’est-ce pas comprendre ce qu’on fait là ? La recherche, intérieure ou extérieure, doit être au maximum. Il faut avoir l’esprit ouvert pour débattre, discuter, partager les découvertes. Sans cela qu’est-ce qu’on est ? Des bactéries ou quoi ? »
Cet ouvrage contient un lien de téléchargement des compositions de Vincent Hänni issues de sa recherche musicale; des photographies de Rudy Decelière; et un glossaire élaboré par Hillary Sanctuary.
ISBN 9782825712788
Parution 23 déc. 2021
242 pp. / Reliure collée / 12x17cm
Julie Henoch – Volteface aux Nouvelles en trois lignes de Félix Fénéon (2019)
livre-objet publié chez Hélice Hélas éditeurs
Plus qu’une préface, mieux qu’une postface, Julie Henoch propose une « volte-face » pour cette réédition des Nouvelles en Trois Lignes de Félix Fénéon. Un texte composite, qui mêle différentes narrations : la réédition d’un texte du XIXe siècle, mais aussi une autofiction, un appareil critique, un pamphlet et une réflexion sur le fond et la forme. L’idée principale est de relever la complexité et la pertinence des Nouvelles en Trois Lignes dans une littérale « volte-face » qui invite à la réflexion au sujet du contexte de la création d’une œuvre, ainsi qu’au rôle de médias comme les journaux (mais aussi, par extension, les livres) pour sa diffusion. L’arrivée de l’imprimerie rotative à la fin du XIXe siècle provoque un changement de paradigme important qui n’est pas sans rappeler la révolution numérique que nous vivons actuellement. C’est pourquoi il semble pertinent d’opposer ces deux époques afin d’en éclairer les enjeux, et de se jouer, au propre comme un figuré, des contraintes qu’ils provoquent.
Volontairement dense et emmêlé, précieux et foutraque, son texte se heurte à la concision du style de Fénéon, et revendique que la littérature ne peut être comprise et puissante que lorsqu’elle malaxe un précieux matériaux : l’extraordinaire complexité de la société dans laquelle elle s’élabore.
Deux côtés, une seule feuille, une seule trame et un livre qui se déploie dans l’espace, le leporello est ainsi le format par excellence pour médiatiser le sens des deux textes ci-présents. D’une face, une sélection des cinglantes Nouvelles en trois lignes de Félix Fénéon : concis, rapide, tweetable. De l’autre, une stance humaniste et capiteuse signée Julie Henoch, luttant contre l’accélération et l’apathie des sentiments.
Nouvelles en 3 lignes
Mars 2019
Leporello (7 plis)
14.5 x 9.5 cm
ISBN : 978−2−940522−74−3
CHF 15 CHF / 12 €
infos & commandes ici
>> écouter l’émission « Premier Rendez-vous » sur RTS-La Première avec Nilda Fernandez et Julie Henoch
Divagation sur l’amour des astres que nous sommes (2020)
court texte publié sur le site des Insécables en continu
par Julie Henoch
Quand je ferme mes volets, la lune frôle la cime des ifs qui se balancent au dessus des toits de la ville qui dort. C’est juste un reflet, un écran sur lequel on projette une intrigue. Chose rare que d’apparaître aux yeux de tous sur un vaste terrain à un moment donné. C’est vers quoi tendent les cathédrales et toutes ces tours Eiffel d’ailleurs, mais ça marche un peu, il faut avouer, c’est émouvant cette capacité que d’être à la fois vu et pouvoir voir. Bien sûr, rien de nouveau sous le soleil, le ciel sait être le miroir de notre condition. Dans le désert, les nomades se disent parfois « je t’aime comme un jour de pluie », et il faut avoir entendu le chant des femmes qui s’en réjouissent traverser l’immensité, et la puissance de l’impact recroquevillé des gouttes sur le sable pour saisir l’ampleur de la déclaration. Or ces jours, le soleil entre dans ma maison, cet autre toit du monde qui en dit tant. Comme il ne le fait pas souvent, ni longtemps - à peine plus d’une heure plein feu - je m’étale de tout mon long, et guette la morsure de l’ombre pour me repositionner. Ne fait-on pas ça tout le temps ? Toujours, avant de tomber amoureuse, je prends un coup de soleil. Par ici, on dit « un coup de lune », comme pour relativiser la brûlure, un genre d’intuition paysanne qui sait bien que toute effusion n’est que réverbération. Au soleil, j’ai donc pensé à la lune, à ses cratères et son sourire qu’on peut voir c’est selon ; à sa lumière bleutée qui rend tout beau, surtout la neige ; au fait qu’elle sache imperceptiblement faire pencher toutes nos eaux. Et j’adore quand elle dessine d’élégantes formes sur mes murs ; qu’elle sache, comme l’amour, agiter ou bercer nos nuits ; qu’elle ne nous soit pas si nécessaire surtout, puisqu’elle pourrait tout aussi bien tourner autour d’un tout autre astre. Cette lumière-là ne rend pas nos organismes dépendants, drogués de soleil que nous sommes. Lui attend patiemment qu’on fasse notre révolution, nous laisse la grande responsabilité de nous réchauffer sans brûler. Mais quand même, il ouvre et referme les fleurs à sa guise, l’enfoiré. Alors, si, tout en la dorant, me viens l’envie de lui montrer ma lune, c’est que dans mon immobilité, j’ai pris acte des forces contraires qui tournoient, et la grande mesure du printemps.
Autres contributions
Texte pour l'essai collectif Troisième Oreille, un livre d'écoute accompagnée d'Olivia Pedroli, publié chez Art & Fiction, 2022
Julie Henoch, Préquelle aux préludes pour un loup (2014)
Texte rédigé pour l’exposition « Préludes pour un loup » d’Olivia Pedroli au Muséum d’Histoire naturelle de Neuchâtel.Julie Henoch, L’Homme-nuit, nouvelle (2008)
Revue Archipel, édition du Prix de la Sorge
Prix littéraires
2017: Prix Atelier Studer Ganz Stiftung, résidence d’écriture